Interview d’Alexis Corbière, porte parole de Jean-Luc Mélenchon, dans L’Opinion. Il publie Le piège des primaires aux éditions du Cerf.
Pourquoi la primaire reproduit-elle, selon vous, tous les défauts de nos institutions ?
Elle exacerbe la présidentialisation de la Ve République et caricature un peu plus toutes ses tares. Chacun, pour exister, se doit d’être candidat au moins le temps de la primaire. La Ve République, avec l’élection présidentielle au suffrage universel, selon la vision césariste chère aux gaullistes, c’est la rencontre entre un homme et un peuple. Avec les primaires, tout se jouerait dans la rencontre entre un homme et un petit réseau de CSP+. Les débats, les congrès n’ont plus aucun intérêt. Vous ne pesez plus dans un parti politique par le poids que vous donne le vote des adhérents, mais par votre score dans la primaire et le choix que vous avez fait au second tour. C’est ainsi que Manuel Valls est devenu Premier ministre. Cette course de petits chevaux se joue en fonction de « celui qui a le plus de chances d’être au second tour ». Et ce sont les sondages qui donnent la réponse. Certains chevaux sont dopés aux sondages, d’autres non. Et le plus dopé l’emporte.
Le plus riche aussi, dites-vous ?
Oui, ceux qui ont le plus de moyens sont privilégiés. Reprenons ce qui s’est passé en 2011 dans la primaire des socialistes : c’est le candidat qui avait le budget le plus significatif, François Hollande, qui l’a emporté. Pire encore : Lire la suite